Prologue
LOCOMOTION
Ce livre est un voyage. Repérer des étapes, organiser nos déplacements avec plus ou moins de logique : il fallait agir vite.
Si le vent de la précipitation nous a fait commettre des impairs, des oublis, des recadrages sauvages, qu’ils nous soient pardonnés.
Chacune de nos visites-éclair prit la forme d’une collecte. Photographier en rafales, faire connaissance illico, poser l’enregistreur-son sur la table, embarquer des documents, dormir ou pas chez l’habitant etc. : c’est avec cette matière que sont fabriquées ces pages.
La mission : faire le portrait de lieux habités par des acteurs du cinématographe.
Trouver des architectures qui n’ont rien, ou plus rien, à voir avec le cinéma mais où prospère justement cet art jeune.
Partageant nous-mêmes cette expérience, ce fut l’occasion de pouvoir parler boutique.
Comment fonctionnes-tu ? Ce bâti, cet outil, comment l’avez-vous conçu ? Vos envies folles ? (Secrets de fabrications), mots, parole(s), codes, noms, marques, légendes, déroutes, cuisine… autant d’informations qui ouvrent sur un nouvel horizon.
Traverser ces dédales d’installations cinématographiques, de réappropriations équilibristes, c’est trouver la vitalité d’un art qu’une industrie ne sait plus ni fabriquer, ni diffuser. Si on ne se laisse pas tourner la tête par les chiff res, si on refuse la dépendance technologique, on découvre alors que le cinéma est une pratique libre et accessible. Comme celle d’un peintre.
Fabriquer un film, élaborer une programmation, tendre un écran, projeter des œuvres originales est un sacerdoce, une recherche passionnée toujours en mouvement (une pensée), un travail. Il a très peu à voir avec les canons, les labels, les habitudes mornes, les révolutions techniques si pratiques qui ne visent qu’une chose : l’uniformisation et son corollaire, le contrôle.
Ce guide, c’est l’arbre qui cache la forêt. Il permet d’entrevoir un vaste rhizome qui depuis des années se développe, s’organise (en parallèle). Passeurs, spectateurs, artisans, artistes, cinéastes, collectionneurs se réunissent à l’abri de murs anciens où les mécanismes de perception du cinématographe sont envisagés comme une expérience vivante qui n’a, à ce jour, livré que quelques-uns de ses secrets.
Cette communauté d’esprit n’est pas à la marge. Elle ne voue pas un culte à de vieilles lunes. Elle n’exploite rien. Surface sensible à la lumière, elle folâtre, toujours sur la piste de nouvelles investigations.
Nous remercions ici toutes les personnes qui ont permis à cet ouvrage d’exister. Leurs noms sont imprimés quelque part ici.
Le Gran Lux
PS : Nous avions à coeur de commencer ce périple par un détour mental jusqu’à la Factory d’Andrew Warhola.
Díky Andy.
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